Les traitements qui interfèrent avec la réussite d’une reconstruction mammaire

Mis à jour le 12 mai 2021 .

Chirurgie du Sein

La reconstruction mammaire est souvent une intervention psychologiquement difficile pour une femme, car par nature, elle fait suite un évènement traumatisant.

Reconstruction mammaire et traitements interférents | Dr Sarfati

La reconstruction mammaire est souvent une intervention psychologiquement difficile pour une femme, car par nature, elle fait suite un évènement traumatisant.

Si elle doit être vue en réalité comme la fin d’un cycle, et comme la chirurgie du renouveau et de l’espoir, il ne faut pas pour autant se précipiter.

Il arrive en effet que des traitements antérieurs interfèrent avec une reconstruction mammaire de qualité. Savoir parfois faire preuve de patience est alors nécessaire pour optimiser la réparation tissulaire. Découvrez à quel moment faire une reconstruction mammaire pour ne prendre aucun risque.

Qu’est ce qu’une reconstruction mammaire ?

La reconstruction mammaire regroupe l’ensemble des techniques chirurgicales de réparation visant à reconstituer un sein après une mammectomie totale ou partielle, le plus souvent après un cancer du sein.

C’est une intervention prise en charge en partie par l’assurance-maladie, dans le cadre du traitement global du cancer. On parle de plus en plus d’oncoplastie, où le chirurgien combine un regard de chirurgien oncologue du sein et de chirurgien esthétique.

Cette chirurgie plastique vise trois objectifs :

  • Restaurer des volumes sur le ou les seins opérés
  • Reconstruire une forme naturelle au sein opéré et symétriser le sein opposé
  • Reconstruire un mamelon et une aréole, avec un rendu naturel

Cette reconstruction par oncoplastie fait appel à différentes techniques de chirurgie plastique portant sur la peau, le tissu mammaire ou le tissu musculaire sous-jacent : les volumes peuvent être reconstitués par lipofilling ou par pose de prothèses, tandis que différentes techniques de lambeaux permettent de « greffer » les tissus sains cutanés ou musculaires.

Dans quel cas opter pour une reconstruction mammaire ?

La reconstruction mammaire doit être vue comme l’aboutissement d’un processus de guérison, expliquant tous les espoirs qu’elle suscite.

C’est bien ce que résume le terme oncoplastie, qui débute par l’onco et finit par la plastie.

Cette chirurgie se fait avec l’aval du cancérologue, avec un double objectif :

  • Esthétique, en gommant les stigmates visibles de la maladie
  • Psychologique, en réifiant un renouveau.

Pour des raisons d’ordre chirurgical et psychologique, il est conseillé de prendre contact avec un chirurgien plasticien dès que l’intervention de mammectomie est planifiée. De par sa formation très spécialisée, le Dr Sarfati pourra vous proposer une prise en charge globale, en lien avec votre cancérologue : cela permet de déterminer les solutions envisageables, même s’il faut attendre le rendu définitif pour finaliser la technique finale.

Il existe deux grandes possibilités :

  • Une reconstruction mammaire immédiate, qui suit le traitement chirurgical : c’est toutefois le cas le plus rare. On attend en général entre 15 jours et 3 semaines après la mammectomie, le temps de la cicatrisation chirurgicale.
  • Une reconstruction mammaire différée, qui suit le traitement chirurgical puis les traitements associés, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie.

C’est important car ces traitements anti-cancéreux peuvent interférer avec la reconstruction mammaire.

Quels sont les traitements qui interfèrent avec la réussite d’une reconstruction mammaire ?

Comme toute chirurgie mammaire, la réussite d’une reconstruction mammaire nécessite un remodelage des tissus. Plus la vitalité initiale des tissus sera conservée, plus le remodelage sera facile et la reconstruction mammaire de qualité.

Quels sont les effets de la chimiothérapie avant une reconstruction mammaire ?

Les traitements de chimiothérapie ont pour propriété de bloquer la multiplication cellulaire. Ils peuvent donc altérer les capacités de cicatrisation de la peau.

C’est pourquoi il est préférable d’attendre entre 3 et 6 mois après la fin de la chimiothérapie avant d’envisager une reconstruction mammaire.

Au bout de ce délai, les effets néfastes de la chimiothérapie ont disparu et les cellules cutanées ont retrouvé leur aptitude naturelle à se régénérer.

En cas de reconstruction mammaire immédiate, un délai aussi long n’est pas possible : on attend alors en général entre 15 jours et 3 semaines avant de réaliser la chirurgie.

Quels sont les effets de la radiothérapie avant une reconstruction mammaire ?

La radiothérapie peut entraîner, toutes proportions gardées, une inflammation proche d’une brûlure. Dans ce cas peuvent s’installer des lésions cicatricielles de type fibrose cutanée avec des adhérences au niveau du sein. Ces adhérences ne peuvent pas se résorber, expliquant qu’en cas d’antécédents de radiothérapie, les risques de mauvaise cicatrisation sont plus importants : c’est pourquoi on s’oriente généralement vers des techniques fiables de reconstruction.

Après une mastectomie suivie de radiothérapie, on attend entre 6 mois et 1 an avant de démarrer une reconstruction mammaire secondaire.

Le choix final de la technique dépendra de l’état de vitalité des tissus et de la qualité de la peau. Si les séquelles de radiothérapie sont marquées, le chirurgien plasticien optera pour des techniques un peu plus lourdes, mais plus fiables.

Le praticien pourra par exemple proposer une pose d’implant, associée à une technique de lambeau comme le grand dorsal : la vitalité des tissus (peau et muscle) est alors portée par ce lambeau prélevé sur une autre partie du corps comme le dos.

C’est bien car la reconstruction mammaire a une portée symbolique forte que ni le chirurgien, ni la patiente ne doivent se précipiter. La déception n’est pas permise.

C’est dans un esprit de réussite optimale que doit se penser l’ensemble de la stratégie de reconstruction mammaire après tout traitement anti-cancéreux.

Article rédigé par le Dr Sarfati

Chirurgien esthétique et plasticien spécialisé dans la chirurgie mammaire, reconnu par le Conseil de l’Ordre de Paris. Je suis également engagé dans l’enseignement et la formation de ses spécialités : chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice.