Les complications après une reconstruction mammaire

Mis à jour le 29 avril 2021 .

Chirurgie du Sein

La reconstruction mammaire est une opération qui génère souvent une forte attente. Comme toute chirurgie, elle peut générer des complications, d’autant plus que le chirurgien plasticien intervient parfois sur un tissu ou un organisme tous deux fragilisés.

Les complications après une reconstruction mammaire | Dr Sarfati

La reconstruction mammaire est une opération qui génère souvent une forte attente. Comme toute chirurgie, elle peut générer des complications, d’autant plus que le chirurgien plasticien intervient parfois sur un tissu ou un organisme tous deux fragilisés.

Même si ces complications sont de plus en plus rares grâce à des techniques de plus en plus précises, la patiente doit intégrer ce critère pour ne pas être déçue.

Qu’est ce qu’une reconstruction mammaire ?

On désigne sous le terme de reconstruction du sein, toute opération de chirurgie mammaire plastique, visant à reconstruire le sein après une ablation du sein totale ou partielle, désignée sous le nom de mastectomie.

Selon les cas, cette reconstruction mammaire peut être immédiate (elle suit rapidement la mastectomie) ou différée, notamment si un traitement complémentaire accompagne la chirurgie du sein (chimiothérapie ou radiothérapie pour un cancer du sein). Ce choix suppose donc de se renseigner rapidement, dès lors que le diagnostic de cancer du sein est posé et le traitement chirurgical décidé.

En revanche, ce choix ne doit jamais se faire au détriment du traitement carcinologique qui doit toujours rester prioritaire.

Les cas les plus complexes peuvent nécessiter plusieurs interventions chirurgicales, pour reconstituer parfaitement un sein dans son volume et dans son galbe.

Pourquoi opter pour une reconstruction mammaire ?

Autant la mastectomie a un caractère impérieux car elle constitue le traitement chirurgical du cancer, autant la reconstruction mammaire est facultative.

Le taux de reconstruction mammaire en France reste encore inférieur à de nombreux pays, si bien que les autorités sanitaires en font fait une priorité en l’intégrant dans la prise en charge globale des patientes.

Il faut y voir en effet deux grands avantages.

  • Le premier objectif est évidemment d’ordre esthétique, en reconstituant une belle poitrine, aux formes galbées. Le résultat est nettement meilleur que celui apporté par des prothèses externes.
  • Le second avantage est d’ordre psychologique car un cancer du sein est toujours un choc, qui interroge. Le retrait d’un sein, voire des deux, altère aussi l’image de féminité que la patiente renvoie aux autres.

C’est là où la chirurgie de reconstruction porte parfaitement son nom : elle reconstruit une nouvelle étape de vie et restaure l’image d’une féminité retrouvée et complète.

Même si la sensibilité des seins sur une reconstruction mammaire est souvent diminuée, cette chirurgie permet de retrouver une vie intime épanouie, profitable autant à la patiente qu’au partenaire.

Quelles sont les différents types de complications possibles après une reconstruction mammaire ?

Comme toute opération chirurgicale, le risque zéro n’existe pas pour une reconstruction mammaire. Même s’il existe de nombreuses techniques chirurgicales pour proposer une solution sur-mesure, il ne faut pas oublier que l’organisme des patientes peut être fatigué, comme les tissus sur lesquels le chirurgien intervient.

C’est une opération où la patiente met tant d’espoir qu’il faut impérativement être bien consciente que les complications de la reconstruction mammaire font malheureusement partie intégrante de cette chirurgie.

Être bien informée des différents symptômes permet d’ailleurs de réagir rapidement, pour une prise en charge le plus vite possible qui permettra d’en limiter les séquelles.

Les différents types de complications (nécrose, infection, rotation d’implant, malposition d’implant, asymétrie, exposition de l’implant…) se rencontrent à des degrés de sévérités divers, fonction du type de reconstruction. Par exemple, le risque d’infection est plus important pour les reconstructions par prothèses et moins fréquent sur les reconstructions autologues, avec moins de conséquences importantes pour ces dernières.

Les complications de reconstruction mammaire par nécrose

La nécrose des tissus se rencontre essentiellement dans les techniques de reconstruction mammaire par lambeaux, avec une « greffe » qui ne prend pas et meurt. Elle peut aussi se concentrer sur tout site opératoire, affecté par exemple par une radiothérapie.

Cette nécrose se manifeste par des tissus qui changent de couleur (en virant vers le noir) ou qui peuvent s’ouvrir.

Il faut consulter, même en l’absence de douleur : cette dernière n’est en effet pas systématique quand des tissus se nécrosent.

Si la nécrose est localisée, un traitement conservateur va permettre de laisser les tissus cicatriser par seconde intention : une masse fibreuse et indurée peut alors se former, sans risque.

Si la nécrose est plus importante, il faut réintervenir pour curer les tissus morts et les parer.

Les complications d’une reconstruction mammaire suite à une infection

L’infection du site opératoire peut survenir quelques jours après la chirurgie, quelques semaines voire plus rarement quelques mois. Pour une reconstruction autologue, dans la grande majorité des cas, de simples soins locaux sont suffisants pour que tout rentre dans l’ordre. Une infection de prothèse est en revanche plus préoccupante et nécessite dans l’immense majorité des cas une reprise au bloc opératoire.

Les symptômes sont divers : fièvre, augmentation du volume du sein reconstruits, apparition de rougeurs, de douleurs ou d’écoulement au niveau de la cicatrice.

Si l’un de ces symptômes apparaît, il faut consulter en urgence votre chirurgien pour une prise en charge adaptée.

En général, en cas de symptômes modérés, un traitement par antibiotique est proposé après avoir réalisé si possible un prélèvement du liquide autour de la prothèse : l’antibiogramme permet alors d’identifier la bactérie responsable et de choisir l’antibiotique le mieux adapté.

En l’absence d’amélioration des symptômes sous antibiotiques, il est nécessaire de repasser au bloc opératoire afin de retirer la prothèse et de nettoyer les tissus. Si l’état local le permet et en fonction de l’appréciation de votre chirurgien, il est parfois possible de placer une nouvelle prothèse. Un traitement antibiotique prolongé (plusieurs semaines) sera alors ensuite nécessaire.

Complications d’une rotation d’implant après une reconstruction mammaire

C’est une complication qui est liée à un défaut d’adhérence de la prothèse, qui pivote. Elle est due le plus souvent à un défaut de réaction inflammatoire, notamment sur des tissus « fatigués ».

Il s‘agit d’une complication sans gravité chirurgicale, dans le sens où elle s’avère uniquement esthétique.

Elle nécessite toutefois de réintervenir, une fois que les tissus sont stabilisés.

Complications d’une malposition d’implant lors d’une reconstruction mammaire

Il est difficile de prévoir de façon précise le résultat final d’une reconstruction par prothèse. En effet, même si la forme de la prothèse va rester stable, les tissus de la patiente peuvent se détendre ou créer une coque fibreuse, pouvant entraîner ainsi une déformation du sein. Il peut arriver que l’implant se déplace, il se retrouve alors trop haut, trop interne ou externe et même parfois trop bas. Il est important d’attendre quelques mois que le résultat de la reconstruction soit stable avant d’envisager une retouche chirurgicale.

Parfois un implant situé un peu haut va redescendre progressivement pour atteindre sa position finale au bout de quelques semaines.

Une nouvelle chirurgie est le seul moyen de remettre un implant à sa place en cas de malposition.

Complications asymétriques d’une reconstruction mammaire

C’est une complication assez fréquente, s’expliquant par le fait qu’il est impossible de prévoir précisément la réaction des tissus, parfois en sur-réaction, parfois en hypo.

Si cette complication apporte souvent un peu de déception, il ne faut pas s‘en inquiéter. Elle est en effet le plus souvent facile à récupérer avec une retouche ; certaines techniques comme le lipofilling permettant un geste peu invasif.

Complications à cause d’une exposition de l’implant

On parle d’exposition de l’implant quand la prothèse est visible de l’extérieur et s’expose à la vue des autres. On peut se retrouver dans cette situation après une nécrose cutanée ou une réouverture de la cicatrice.

Lorsque cette exposition survient rapidement après la chirurgie, il s’agit le plus souvent d’une déhiscence de la plaie dont la gravité reste modérée.

Si cette exposition survient plus tardivement, elle peut être liée à une nécrose tissulaire, au pronostic plus grave si la nécrose est marquée.

Dans tous les cas, il s’agit d’une urgence chirurgicale, car le risque d’infection est élevé.

Article rédigé par le Dr Sarfati

Chirurgien esthétique et plasticien spécialisé dans la chirurgie mammaire, reconnu par le Conseil de l’Ordre de Paris. Je suis également engagé dans l’enseignement et la formation de ses spécialités : chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice.